En 1998, le studio Rare sort sur Nintendo 64 Banjo-Kazooie, un jeu de plateforme 3D dans la veine du révolutionnaire Super Mario 64. Aimé par les amateurs de plateforme, le jeu est rapidement devenu culte. Né des cendres de cette époque légendaire du studio, Playtonic games s’est alors créé dans le but de proposer de nouvelles productions ayant gardé ce feeling particulier de cette époque dont Yooka-Laylee en est le premier exemple.
Et c’est en quête de retrouver ce feeling si particulier que Playtonic Games annonça lors du mois de mai 2015, la création de Yooka-Laylee, un jeu de plateforme 3D s’inspirant de leurs anciennes productions de l’époque Nintendo 64. Après une campagne Kickstarter rondement menée, permettant aux britanniques de récolter pas moins de 2 millions de livres et de porter le jeu sur l’ensemble des plateformes actuelles, ainsi que l’ajout de contenu, rendant le jeu plus que complet. Ajoutant par exemple un mode multijoueur arcade jouable jusqu’à 4, également plus de contenu dans le jeu principal, mais aussi la traduction dans de nombreuses langues dont celle de molière, ou encore l’enregistrement orchestral de l’intégralité de la musique du jeu.
Test Yooka-Laylee and the Impossible Lair – Une suite réussie
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ToggleLa balade de Yooka-Laylee
Alors en pleine lecture, Yooka et Laylee se font aspirer les pages de leur livre qui ont la particularité d’être dorées. Aspirées par un certain Capital B. et son acolyte Dr. Quack, qui ont pris la décision de voler tous les livres du monde grâce à l’utilisation du novélisateur 64. Vous vous donnerez alors pour tâche de parcourir les différentes régions du monde en quête des différentes pages. La première chose qui frappe lors des premières minutes, qui se confirmera au fil des différentes heures l’omniprésence de l’humour. Que ce soit dans le design des personnages, les lignes de dialogues et même dans la progression globale du titre.
Le Dr. Quack est par exemple un canard emprisonné dans un distributeur de chewing gum, et vous vous retrouverez à devoir répondre à des questions qui concerneront différents endroits du jeu, mais également sur vos propres statistiques ! Cet aspect méta est pour le coup assez présent dans le jeu, et si cet humour ne peut pas plaire à tout le monde, il est pour le coup très efficace. De nombreuses blagues sont également effectuées sur le milieu actuel du jeu vidéo, notamment sur la politique des DLC. C’est assez amusant sachant que le jeu, lors de l’annonce de son financement participatif, comptait lui même en proposer. Playtonic Games montre ainsi une capacité à se moquer de lui-même, une chose que l’on ne voit pas assez souvent dans le milieu vidéoludique.
C’est ainsi que les situations et clins d’œil tous plus délirants s’enchaînent. On retrouve au final une ambiance un peu plus proche d’un Conker Bad Fur Day d’un Banjo-Kazooie, sans être aussi incisif ni trash que l’aventure de l’écureuil alcoolique. Le décalage marche pour le coup très bien car on se retrouve d’un côté avec un univers très enchanteur, où se mélangent personnages et dialogues tout aussi délirants et dérangeants. Vous croiserez par exemple très souvent dans votre aventure un certain Trowzer, un serpent vêtu d’un short qui vous filera et vendra vos différentes capacités.
Après avoir effectué le tutoriel du jeu, vous vous retrouverez dans la Hivory tower, qui sera le hub central du jeu, vous permettant par la suite d’entrer dans les différents mondes du jeu. Avant de parler de ces différents mondes dans leur conception, on peut tout d’abord parler de leur réussite sur un plan purement visuel. Sur cet aspect, le jeu s’avère bluffant. Utilisant le moteur Unity, on a rarement vu ce moteur si bien mis en valeur. Que ce soit sur n’importe quelle plateforme, le jeu est vraiment une réussite, et la variété des environnements permet de montrer de plus cette mise en valeur du talent de l’équipe de développement. De la jungle luxuriante aux salles du casino, le dépaysement est total.
Si l’on parle un petit peu de sound design et de composition, le jeu propose également un travail très soigné sur cet aspect. Des bruits représentant les protagonistes, comme à l’époque de la Nintendo 64, aux compositions variées des environnements, la partition effectuée par Grant Kirkhope et David Wise est une belle réussite. On pourra d’ailleurs noter des références à Banjo-Kazooie et Donkey Kong Country sur certains morceaux.
La réussite du level design
Si l’on parle maintenant de sa conception, le level design du jeu est une véritable réussite. Que ce soit le hub principal ou chacun des différents mondes, vous passerez des heures à parcourir et découvrir l’ensemble des secrets englobant les différents mondes. Mais en plus de proposer une conception globale réussie, le jeu propose également une progression plutôt bien équilibrée.
En effet, ici le système de progression global est votre quête qui est la récolte et l’acquisition des différentes pages (ici appelées pagies). Pour débloquer les différents mondes, il vous faudra utiliser un certain nombre de pages pour débloquer chaque monde à leur tour. Et si cette progression peut paraître assez classique, certains éléments viennent l’agrémenter. Lorsque vous aurez acquis un certain nombre de pagies, deux choix s’offriront à vous : vous pourrez tout d’abord les utiliser pour ouvrir un nouveau monde, ou bien les donner a un monde d’ores et déjà ouvert. Ce don de pages vous permettra ainsi d’agrémenter le monde de nouveaux endroits, de nouvelles missions et donc de nouvelles pages à collecter.
Mais pour avoir accès à ces différents mondes, ils vous faudra tout d’abord avancer les précédents. En effet, entre chaque monde, une partie du hub central s’ouvrira à vous, et votre bon ami le serpent vénal, vous offrira de nouvelles capacités, vous permettant d’avancer et de débloquer une nouvelle partie du hub, qui vous donnera ainsi accès aux nouveaux mondes, mais également à de nouvelles pagies. La progression est alors assez calibrée et cadrée, mais elle l’est principalement que sur cet aspect très général du jeu.
En effet, lorsque vous arrivez dans les différents mondes, qui est en réalité l’endroit où vous passerez le plus clair de votre temps, vous serez absolument libre. Vous pourrez partir à la quête des pagies, mais également des plumes. Il y a 200 plumes à collecter dans chaque monde et il vous faudra fouiller chaque recoin du monde afin de tous les trouver. Pour collecter les pagies, vous aurez plusieurs façons de les acquérir.
Vous aurez ainsi deux façons principales d’acquérir ces pagies : au travers de missions données par des pnj, ou de façon moins dirigiste. Si la seconde façon de gagner des pages est pour le coup assez naturelle et dépendant principalement de vos capacités d’exploration et d’utilisation des différentes techniques du jeu, la première façon est quant à elle plus présente. Lors de vos rencontres avec les différents protagonistes du jeu, vous aurez des missions vous permettant par la suite de récupérer une pagie.
C’est également ici l’occasion pour le jeu de multiplier les phases d’humour et les clins d’œil divers et variés. Vous rencontrerez par exemple un héros à la pelle venu vous demander de l’aide. Les missions s’avèrent assez variées : abattre un nombre d’ennemis, effectuer une session de sauts, récupérer un nombre de jetons échangeables contre une pagie. Chaque monde possède ses missions, mais on peut tout de même voir une certaine répétitivité quand à certaines missions revenant ainsi dans chaque monde. On retrouve par exemple les missions avec le chariot, qui s’avèrent être répétitives et pas passionnantes.
Ces répétitions, on les retrouve véritablement sur des missions bien spécifiques comme le chariot, les missions « arcades » et celles allant avec la transformation de votre personnage présente dans chaque monde. On peut voir, lorsque l’on a suivi le financement participatif que ces ajouts faisaient en réalité partie des différents ajouts effectués après qu’un certain palier ait été atteint. On peut donc ainsi comprendre cette répétition par un ajout de contenu qui se fait après la phase de production initiale.
Un gameplay varié
Si l’on parle de game design et de gameplay, Yooka-Laylee propose une palette assez variée de possibilité. Etant tout d’abord un jeu de plateforme, votre duo pourra bien sûr effectuer un saut, qui évoluera en possibilité de double sauts ainsi qu’une possibilité de voler quelques instants. Ennemis obligent, votre héros pourra également frapper ses adversaires avec une attaque tourbillonnante, ainsi qu’une charge vers le sol après un saut. Une des techniques élémentaires principales du personnage sera également celle de pouvoir rouler comme une boule. Ceci vous permettra de grimper des pentes raides afin de progresser dans les différents environnements du jeu.
Tout ceci pour l’instant reste plutôt classique, mais Playtonic Games s’est assuré de renouveler la formule. Tout d’abord, avec les différentes capacités achetables chez Trowzer. Vous pourrez tout d’abord effectuer un sonar permettant d’effectuer d’un côté des interactions avec des éléments, ou assommer les adversaires pour les taper. Vous pourrez également créer une bulle lorsque vous serez dans l’eau qui vous permettra à la fois de respirer normalement, mais également marcher dans le fond de ces zones aquatiques. Un bon moyen pour le coup pour contrer les problèmes récurrents des zones aquatiques dans les jeux de plateformes.
En plus de ces techniques avancées, vous aurez la possibilité d’utiliser différents éléments pour vous aider à accomplir diverses missions. Les éléments sont divisés en deux catégories : la première est en rapport avec votre personnage en lui-même. Vous pourrez par exemple utiliser le miel pour coller à la glace, ou le plomb pour survivre aux plus grosses bourrasques de vent. L’autre catégorie permet quant à elle de vous donner un nouveau pouvoir temporaire tel que cracher du feu ou lancer des missiles.
Le jeu vous proposera par instant de vous transformer dans diverses choses, liés au monde dans lequel vous serez. Vous pourrez par exemple vous transformer en plante, ou encore en chasse neige ! Des missions spéciales vous seront attribuées mais elles restent pour le coup assez simples. Chaque monde vous permettra également de jouer à un jeu d’arcade, qui sera par la suite jouable jusqu’à 4 en local. Chaque jeu est une référence direct aux grands classiques du jeu vidéo, avec par exemple un clone de micro-machine assez amusant à jouer.
Comme vous le voyez, le game design de Yooka-Laylee est complet et varié. L’utilisation de ce game design via le gameplay va par contre faire pêcher certains aspects de celui-ci. S’il est tout a fait facile de se mouvoir, et d’utiliser les principales techniques, on pourra reprocher l’utilisation un peu forcée d’un bouton suivi d’autres boutons pour activer certaines fonctionnalités tel que invisibilité. Un des problèmes récurrents des jeux de plateforme est la gestion des sauts. Yooka-Laylee a plutôt réussi le pari de proposer une véritable lisibilité des sauts, avec une gestion de l’ombre du personnage permettant de voir où arrivera votre personnage à la fin d’un saut.
Ressortir un jeu de plateforme 3D en 2017 ?
On pourra cependant reprocher au titre de Playtonic un problème qui pour le coup n’a pas été réglé depuis l’arrivée de la plateforme 3D : les problèmes de caméra. En effet, votre plus grosse frustration dans votre vingtaine d’heures de jeu sera au final assez grandissante au vu du nombre de sauts et d’actions qui seront gâchés par les problèmes de caméra, qui sont pour le coup inhérents au genre.
Et au final, les points négatifs de ce Yooka-Laylee sont les mêmes que Banjo-Kazooie à cette époque. Cela pose une véritable interrogation, qui était déjà posée à la fin des années 90 : faire un jeu de plateforme 3D est-il justifiable? Si des titres tels que les Mario se posent en référence, on a bien vu à la même époque que malgré la multiplicité des titres du genre en 3D pullulant sur Nintendo 64, Playstation 1 ou encore Sega Saturn, peu de jeux ont finalement réussi à peser et rester dans l’histoire du jeu vidéo.
En effet, si vous regardez les dix dernières années de jeu vidéo, la quasi totalité des jeux de plateforme ont effectué un véritable retour à la 2D, dû à une saturation de ces jeux lors de la génération de console précédemment citée. Et si pour le coup on ne voit pas aujourd’hui de grosses évolutions du genre plateforme 3D, c’est car le genre revient tout juste sur le devant de la scène avec Yooka-Laylee ou encore a Hat in Time qui devrait également sortir cette année.
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