En 2017 nous parvenait Yooka-Laylee, successeur spirituel des jeux du studio Rare datant de la Nintendo 64. Après une réussite commerciale ainsi que de bonnes critiques, il n’y avait aucun doute quant au fait que le studio de développement Playtonic Games remettrait le couvert. Mais alors que le premier opus nous délivrait une expérience très clairement inspirée de Banjo-Kazooie jusque dans son gameplay, cette suite décide de changer diamétralement de direction. Voyons ce que ça donne.
Conditions de test : Test réalisé sur PC sur une partie complétée en environ 10 heures avec une bonne partie du contenu annexe terminé.
Sommaire
ToggleLa suite de Yooka-Laylee…
Le premier Yooka-Laylee nous mettait dans la peau du duo improbable que formaient Yooka le caméléon et Laylee la chauve-souris. Alors que leur vie se déroulait sans accroc, Capital B, le méchant du jeu, débarquait pour y semer la pagaille et nos deux héros partaient alors à l’aventure pour lui régler son compte. Avec Yooka-Laylee and the Impossible Lair, le contexte est pratiquement identique.
Et si nous avons dit contexte plutôt que scénario, ce n’est pas sans raison. En effet, dans ce nouvel épisode, un simple tutoriel vous explique que le méchant est de retour et qu’il menace le Royaume des Abeilles et… eh bien c’est tout. Autant dire qu’on ne jouera pas à cette suite pour son scénario. Le jeu conserve néanmoins une bonne dose d’humour qui compensera sa faiblesse narrative.
Autre point sur lequel cette suite reste dans la même lignée que son prédécesseur : les musiques. Toujours composées par David Wise et Grant Kirkhope (deux anciens compositeurs du studio Rare, dont certains ex-employés ont participé à la fondation de Playtonic Games), elles se montrent une nouvelle fois d’une grande qualité et reconnaissables entre mille, ces messieurs ayant un style bien à eux que les fans de Banjo-Kazooie ou encore Donkey Kong sauront particulièrement apprécier.
Dernière similitude avec le premier opus : le moteur graphique. Etant identique à celui d’il y a deux ans, aucune amélioration n’est à noter, mais le rendu se montre globalement propre avec des couleurs chatoyantes qui flattent la rétine et se marient à merveille avec la direction artistique du titre, malgré un chara design oscillant entre le très bon et le nauséabond selon les cas. Le framerate est quant à lui stable et le jeu tourne à 60fps sur toutes les plateformes. Des temps de chargements un peu longuets ternissent légèrement le tableau mais rien de dramatique.
… Qui n’en a que le nom
Tout cet enrobage se montre donc fortement fidèle à celui du premier épisode de la saga, mais les ressemblances s’arrêtent là. Le reste du jeu se montre foncièrement différent de son aîné, à commencer par la construction de son univers. Exit le monde en 3D avec caméra libre, le titre tente une autre approche en proposant deux types de niveaux différents.
Tout d’abord, le monde principal, qui est une sorte de hub géant, c’est-à-dire un endroit dans lequel le joueur est ramené entre chaque niveau. Il peut alors s’y déplacer librement en 3D afin de se rendre dans les niveaux classiques de son choix. Voyez cela comme une sorte de menu jouable en vue du dessus.
Ce monde principal fait également office d’énorme terrain de jeu puisque Playtonic Games y a ajouté un paquet de petites choses à faire : exploration, énigmes, défis, etc., la variété est de mise et le tout fonctionne très bien.
Nous avons ensuite les fameux niveaux classiques cités ci-dessus. Ceux-ci représentent la majorité du gameplay de Yooka-Laylee and the Impossible Lair et prennent une forme différente de celle du monde principal. Ici, vous évoluerez dans des décors en 2D avec vue de côté comme dans n’importe quel plateformer de l’époque. De qualité variable en termes de level design, ces mondes se renouvellent suffisamment souvent pour éviter l’ennui.
Le jeu a la bonne idée de pousser ce concept de monde principal et de niveaux au maximum en proposant des interactions entre les deux. Ainsi, il vous sera possible de transformer l’intérieur d’un niveau classique en le modifiant depuis le monde principal.
Un exemple concret : alors que nous parcourions le monde principal, nous avons pu résoudre une petite énigme permettant de briser un barrage et donc de laisser l’eau s’écouler à nouveau. En retournant près d’un niveau classique se trouvant non loin de là, nous constations que celui-ci était désormais inondé et qu’en y pénétrant, tout le level design s’était adapté à cette modification. Une idée intéressante et bien exploitée qui augmente intelligemment la durée de vie du titre pour un contenu finalement très correct, le jeu étant vendu environ 35 €.
Un concept original
La vraie nouveauté de ce Yooka-Laylee and the Impossible Lair c’est le concept de son « repaire impossible ». Après avoir parcouru un bref niveau tutoriel qui vous apprendra les mécaniques de base du gameplay, le jeu vous lâchera dans le monde principal. Si vous avez bien suivi, nous avons expliqué que dans ce hub vous pouviez sélectionner le niveau de votre choix. Eh bien c’est également le cas du fameux repaire impossible, c’est-à-dire le dernier niveau du jeu.
Oui, vous avez bien lu, le jeu a pour parti pris de vous laisser sélectionner le niveau final dès le début de l’aventure. Mais pour expliquer pourquoi cela fonctionne, dévions sur le gameplay quelques instants.
Dans ce nouvel opus, Yooka peut courir, sauter, frapper, saisir des fruits avec sa langue (pour ensuite s’en servir comme de projectiles) et rouler afin de se déplacer en attaquant. A côté de ça, Laylee permettra au caméléon de planer quelques instants tout en accomplissant des attaques aériennes. Rien de bien palpitant jusqu’ici, d’autant plus que le jeu manque parfois de précision dans ses contrôles.
Le jeu propose néanmoins une mécanique originale au niveau de la gestion de la vie. Alors que Yooka-Laylee premier du nom proposait une jauge de santé classique, ce second volet ne vous offre que deux points de vie.
Lorsqu’un premier coup vous percute, Laylee quitte la tête de Yooka et se met à voler dans tous les sens, prise de panique. Vous avez alors quelques secondes pour entrer en contact avec votre acolyte afin de le récupérer. Dans le cas contraire, Laylee disparaît de l’écran et le seul moyen de la retrouver sera de dénicher une cloche d’appel dans le niveau, mais celles-ci sont plutôt rares.
Il est donc tout à fait possible de survivre sans Laylee, mais vos capacités s’en retrouveront bridées, et parcourir le niveau sera moins aisé, d’autant plus que le moindre dégât reçu entraînera alors un game over. Une mécanique intéressante mais légèrement entachée par un pathfinding pas toujours optimal qui bloquera parfois votre précieuse alliée dans des recoins inaccessibles. Il faut ajouter à cela quelques soucis de game design (caméra mal placée, affordance pas toujours claire) et un level design quelques fois douteux, mais rien de suffisant pour ruiner l’expérience.
Au fur et à mesure de l’aventure, seul le level design évoluera et intégrera de nouvelles mécaniques de jeu. En effet, notre duo de personnages n’apprendra aucune nouvelle compétence durant le voyage et c’est pour cette raison précise qu’il est tout à fait possible de parcourir le dernier niveau directement, puisqu’il n’y a aucun pré-requis de gameplay à avoir pour passer tel ou tel obstacle.
« Mais pourquoi se casser la tête à compléter les niveaux classiques dans ce cas ? » nous direz-vous. La réponse est simple : le repaire impossible représente un challenge extrêmement corsé ! Et non seulement c’est dur, mais en plus c’est 4 fois plus long qu’un niveau traditionnel. Ah, et il n’y a pas de checkpoint. Bienvenue en Enfer.
Vous pouvez tenter de relever le défi autant de fois que vous le souhaitez, mais à moins d’être un joueur de génie, vous ne parviendrez pas à terminer le niveau sans un minimum de maîtrise du gameplay, maîtrise acquise en parcourant les niveaux classiques. Mais ne vous attendez pas à ce que cela soit suffisant, oh non. Pour venir à bout de ce repaire impossible, vous aurez besoin d’aide.
On ruche ?
Rappelez-vous, en vous parlant du contexte du jeu, nous vous expliquions que le Royaume des Abeilles était en péril. Cela a son importance, puisque à la fin de chaque niveau vous sauverez l’un des soldats de l’armée des abeilles qui a été enlevé par le méchant du jeu. En les sauvant, ces soldats vont rejoindre vos rangs et sensiblement faciliter votre périple dans le repaire impossible.
Comment ? En vous servant de bouclier dans le niveau final pardi, augmentant ainsi vos points de vie de 1 pour chaque soldat présent, jusqu’à un total de 48 points de vie supplémentaires. Autant dire qu’il s’agit là d’une aide non négligeable. Ainsi, le jeu vous propose de gérer vous-même votre rythme et vous permet de boucler l’aventure aussi bien après 1 heure qu’après 15.
Cette idée, en plus d’être originale, permettra à tout le monde d’arriver au bout du jeu, cela demandera juste un peu plus de temps aux joueurs les moins habiles. Et si vous avez peur de ne pas être capables de terminer les niveaux classiques (on pense notamment aux plus jeunes qui pourraient être attirés par l’univers), pas de panique : le jeu proposera, après un certain nombre de morts, de passer la section du niveau qui pose problème afin de pouvoir tout de même récupérer le soldat attendant sagement votre venue.
Finissons en abordant brièvement le système de tonifiants. Vous pourrez les récupérer durant vos pérégrinations dans le monde principal et en équiper jusqu’à trois simultanément. Ces tonifiants peuvent être soit positifs (plus de frames d’invincibilité, Laylee quitte l’écran moins rapidement, etc.) soit négatifs (ennemis plus résistants par exemple). Selon ce que vous équipez, votre multiplicateur de plumes, c’est-à-dire la monnaie du jeu, s’en verra gonflé ou réduit. Rendre votre aventure plus compliquée en équipant des tonifiants négatifs se révèle être un excellent moyen de remplir rapidement votre portefeuille virtuel.
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