Malgré une actualité foisonnante autour de la licence The Legend of Heroes, Falcom et NIS America nous offrent en 2024 les dernières aventures d’Adol avec Ys X: Nordics. Cette fois-ci, notre héros aux cheveux rouges se lance dans une épopée maritime au cœur d’un univers viking. Après avoir longtemps conservé la formule classique des JRPG avec une équipe de six personnages jouables, la série renoue quelque peu avec ses origines en se concentrant de nouveau sur un gameplay centré essentiellement sur Adol. Cependant, cette fois-ci, il est accompagné d’une héroïne, avec qui il forme un duo redoutable.
Conditions de test : Nous avons terminé le jeu sur PS5 en mode difficile et en effectuant un grand nombre de quêtes annexes.
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Contrairement à The Legend of Heroes qui représente un énorme puzzle narratif imbriqué entre les opus, Ys a toujours gardé un côté accessible en offrant un Action-RPG simple mais efficace. Pour les nouveaux qui découvriraient la licence ou auraient envie de se lancer avec cet opus, sachez que les différents Ys sont tous des histoires indépendantes et non liées entre elles directement. Chaque opus nous compte une aventure d’Adol Christin à différentes périodes de sa vie. C’est aussi pour cela qu’il ne faut pas essayer de voir un ordre chronologique entre les jeux. Par exemple dans Ys IX: Monstrum Nox, le précédent titre, Adol est âgé de 24 ans (la version la plus vielle du personnage à ce jour).
Dans Ys X: Nordics, nous retrouvons un Adol âgé de 17 ans, déjà marqué par les épreuves qu’il a traversées lors des événements de Ys I et Ys II, mais encore jeune et relativement inexpérimenté. Alors qu’il se dirige vers Celceta (le cadre de Ys: Memories of Celceta, sorti sur PS Vita en 2012), il fait escale sur les terres d’Obelia, un archipel au cœur d’un vaste océan. Là, il croise la route des Normans, une tribu de guerriers inspirée des Vikings, et notamment de la jeune Karja, avec qui il va littéralement tisser un lien de mana. Contraints de rester à proximité l’un de l’autre, le duo va rapidement être confronté à une nouvelle menace : les Griegers, une race mystérieuse et immortelle, semblant être liée à un grand secret des mers.
L’introduction du jeu met en scène l’attaque du village de Carnac par les Griegers mais également d’étranges phénomènes qui prendront sens à la fin du jeu comme le fait qu’Adol puisse parler à un coquillage magique. Impuissant face à ces monstres, notre duo s’enfuit avec quelques survivants à bord du Santras, un navire qui devient votre moyen de transport principal mais aussi votre base.
Même si tout n’est parfait et que cela pourrait déplaire aux habitués des derniers opus, on ne peut nier une certaine audace de la part de Falcom qui fait énormément d’efforts pour renouveler la formule. Avec ce cadre maritime, nous avons droit à une sorte d’Assassin’s Creed Black Flag version JRPG et un système de combat renouvelé qui se concentre sur la dynamique du duo de protagoniste.
Toujours à la recherche du One Ys
Les utilisateurs de mana sont rares dans Obelia, et il semble que ce pouvoir soit le seul moyen de vaincre définitivement l’immortalité des Griegers. C’est pourquoi, au fil des missions, Adol et Karja sont systématiquement envoyés en première ligne dans les zones infestées par cette menace. Cela offre une excellente excuse pour affronter des hordes d’ennemis, tout en profitant du système de combat toujours aussi dynamique et captivant.
En plus des phases d’action traditionnelles, Ys X: Nordics introduit un système de batailles navales, exploitant la puissance du Santras. Ces affrontements en mer sont assez simples à prendre en main grâce à un système de visée automatique qui permet de tirer facilement des boulets sur les navires ennemis. Il est même possible d’aborder de grands vaisseaux, donnant lieu à une série de combats avec notre duo, se concluant souvent par l’obtention d’un trésor. Heureusement, à l’exception de certains moments clés de l’histoire, ces batailles navales restent optionnelles et ne représentent pas un grand défi, car elles tendent à devenir rapidement répétitives.
À mesure que vous recrutez de nouveaux membres d’équipage et que vous obtenez davantage de matériaux et de plans, le Santras voit ses statistiques augmenter et peut tirer une plus grande variété de projectiles. Il gagne également en rapidité, ce qui est appréciable car l’exploration des espaces maritimes est assez lente au début, même avec les courants d’air facilitant la traversée. Bien que l’on salue une fois de plus l’effort d’innovation, l’exploration n’est pas le point fort de Ys X, en raison d’un monde maritime semi-ouvert un peu trop éparpillé. L’exploration en puzzle sur de nombreuses petites îles manque ainsi de cohérence et de constance.
La progression reste assez classique, sans briller particulièrement par ses énigmes ou ses phases de plateforme. Cependant, les déplacements restent agréables grâce à la corde de mana, qui fait office de grappin, et à l’overboard. Comparé à Ys IX, et surtout à un Ys VIII bien mieux maîtrisé, ce volet paraît en deçà. Même la narration souffre de certaines faiblesses : des méchants peu convaincants, qui préfèrent vous laisser devenir plus puissant alors qu’ils auraient pu vous éliminer une vingtaine de fois, ou encore des personnages secondaires trop nombreux, qui ne reçoivent qu’un bref développement avant d’être relégués au second plan.
Duo de choc
Bien que l’histoire ne soit pas particulièrement marquante, on apprécie néanmoins l’esprit de camaraderie qui se développe entre Adol et Karja. Au fil du scénario, les deux protagonistes apprennent à se connaître et deviennent de véritables frères d’armes. Il est satisfaisant de voir leur complicité se renforcer, sans tomber dans une romance clichée. Toutefois, ce qui vous fera surtout craquer pour Ys X: Nordics, c’est son système de combat particulièrement jouissif, grâce à un gameplay en duo ingénieux.
Concrètement, vous pouvez choisir de contrôler uniquement Adol, uniquement Karja, ou bien les deux à la fois. Chacun possède son propre équipement, ses compétences de combat spécifiques et ses propres statistiques, mais ils partagent l’expérience et les niveaux. Il est donc très amusant de combiner des combos avec l’un avant de passer à l’autre. Les points de compétence se rechargeant plus rapidement pour le personnage en réserve, vous êtes ainsi constamment encouragé à alterner entre les deux pour maximiser les assauts mortels.
En maintenant R2, il est possible d’attaquer simultanément avec Adol et Karja. Ils peuvent non seulement exécuter des attaques normales, mais aussi réaliser des compétences spéciales en duo. Comparé aux précédents opus, ce Ys met davantage l’accent sur les parades. Les esquives, bien qu’encore présentes, jouent un rôle plus secondaire. Le jeu introduit une jauge de vengeance qui se remplit à mesure que vous parez correctement les attaques ennemies. Plus cette jauge est élevée, plus la compétence en duo sera puissante. Ce mécanisme se révèle particulièrement satisfaisant lors des combats contre les boss et les grands groupes de monstres, qui offriront un véritable défi si vous optez pour les niveaux de difficulté les plus élevés.
La montée en puissance et la personnalisation de votre duo passent d’ailleurs essentiellement par un arbre de compétences, où vous devez insérer des sphères de différentes couleurs pour obtenir divers bonus d’attributs. En regroupant des orbes de la même couleur, vous débloquez des bonus encore plus puissants. Cependant, ce système n’est pas particulièrement engageant, car on se contente souvent de placer des sphères de la même couleur pour bénéficier de simples améliorations d’attaque ou de défense.
Une direction artistique qui prend l’eau
Compte tenu de la richesse des jeux Falcom, nous sommes généralement assez indulgents en ce qui concerne les graphismes, tout comme les fans. Cela ne les excuse cependant pas de présenter un retard visuel flagrant. Cependant, ici, le problème le plus frappant réside dans une direction artistique qui peine à s’exprimer. Mis à part quelques rares exceptions, les îles et les donjons se ressemblent énormément, ce qui donne lieu à des environnements souvent pauvres, aussi bien en exploration à deux qu’en navigation. Du point de vue de la technique, rien à redire en ce qui concerne la fluidité malgré des tonnes d’effets à l’écran (et particulièrement pour le boss de fin).
En revanche, là où Falcom ne déçoit jamais, c’est avec sa bande son. L’OST est toujours aussi percutante, avec des morceaux mêlant synthétiseurs, violons et guitares électriques, entre autres. Le doublage japonais est également impeccable, bien que l’on regrette l’absence de doublages dans certaines scènes, ainsi qu’un Adol trop silencieux, malgré la voix de Yuki Kaji (Eren Jager, Meliodas, Todoroki, etc.). En termes de contenu, Ys X vous en donne pour votre argent, avec environ 30 heures de jeu pour terminer l’histoire principale, et une quarantaine d’heures pour compléter toutes les quêtes annexes.
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