The Legend of Zelda fête cette année ses 35 ans, et autant dire que pour le moment, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. En attendant de voir ce que Nintendo nous réserve à ce sujet d’ici le printemps prochain, nous avons pu mettre les mains sur le seul Zelda qui est prévu pour cette année. Vous l’aurez compris, nous allons parler de The Legend of Zelda : Skyward Sword HD, remaster du titre sorti en 2011 sur Wii. A sa sortie, il a été globalement très bien reçu par la critique mais, au fil des années, on s’est rendu compte qu’il était loin de faire partie des opus préférés. Construit autour de la détection de mouvement des manettes Wii et uniquement jouable de cette manière, le titre avait déplu à beaucoup de joueurs. Mais sur Switch, lifté et agrémenté de contrôles aux boutons, que vaut Skyward Sword ?
Conditions de test : Le testeur a joué à Skyward Sword pendant une dizaine d’heures en 2011, et a récemment passé quelques heures dessus. Mais globalement, il s’agit d’une découverte et, pour la première fois le testeur est allé au bout du jeu. Ce test oscillera donc entre présentation du titre comme s’il sortait tout juste, et comparatif avec la version originale. On restera cependant assez évasif sur le scénario et la structure, le tout méritant d’être découvert.
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Comme très souvent dans The Legend of Zelda, Link est en train de dormir lorsqu’on le retrouve. Réveillé par un oiseau gigantesque, il a rendez-vous avec son amie d’enfant, Zelda, avec qui une relation amoureuse semble sur le point de naître. Mais rapidement, l’évidence. Nous ne sommes pas à Hyrule. Et il y a une bonne raison à cela : le royaume n’existe pas. The Legend of Zelda se déroule avant tous les autres Zelda, avant que la Master Sword ne soit la Master Sword, avant que Ganon ne vienne au monde, avant tout.
Dans Skyward Sword, les humains, qui ont déjà les oreilles pointues, vivent dans le ciel et rien ne semble exister sous la mer de nuages. En effet, des petits bouts de terre flottent, et le village de Célesbourg est construit sur l’un d’eux. Jeune, notre Link doit passer une épreuve à dos de célestrier, les grands oiseaux dont on parlait plus tôt, pour prétendre à une place à l’école de chevalerie.
Après quelques péripéties sans importance, Link part faire un petit tour dans les airs avec Zelda. Soudain, une tornade emporte la jeune femme, qui disparait sous les nuages. Très vite, Link est contacté par une voix, et récupère l’épée laissée là par les dieux, et qui est habitée par Fay, une entité féérique chargée de guider l’élu. Elle explique à Link que pour sauver Zelda, il faudra aller sous les nuages, puisque la terre n’est pas qu’une légende.
Si vous avez fait Breath of the Wild, vous comprendrez facilement pourquoi Skyward Sword a beaucoup compté dans la conception du dernier Zelda en date. Jauge d’endurance, parachâle, mécanique offrant plus de liberté, pas mal de petites choses font comprendre la direction prise par Nintendo ensuite. En cela, faire Skyward Sword HD ou découvrir le titre par cette version permet de mieux comprendre l’évolution de la saga. Comptez quand même une soixantaine d’heures pour arriver aux 100%, et environ 45 heures pour la quête principale ainsi qu’une partie des à-côtés.
Fay-moi signe
Le début de l’aventure ressemble vraiment à une prise de contact avec l’univers, nous emmenant dans des lieux aux noms évocateurs pour les connaisseurs, mais il faut bien permettre aux nouveaux venus d’intégrer l’univers et, fatalement, les premières heures s’en ressentent. Origin Story dont la chronologie officielle est surtout là pour faire plaisir aux théoriciens, Skyward Sword met du temps à démarrer, et les premières heures paraîtront un peu fades aux habitués.
Fort heureusement, ce point fait partie de ceux identifiés par Nintendo pour les améliorations. L’entrée dans le vif du sujet se fait plus rapidement, notamment grâce aux modifications subies par Fay. Dans le titre original, elle intervenait pour tout et n’importe quoi, cassant le rythme pour nous dire quelque chose qu’on savait ou qu’on avait compris. Désormais, elle se contente du minimum, et il appartient au joueur de lui demander de l’aide quand il estime cela nécessaire. Cela fluidifie grandement l’aventure dans son ensemble qui gagne en dynamisme même si une fois encore, les 8 premières heures sont poussives, sans être désagréables pour autant.
Parce que de notre point de vue, The Legend of Zelda : Skyward Sword ne mérite pas son manque de popularité. Alors effectivement, retourner sur un Zelda « classique » quatre ans après Breath of the Wild, ça fait tout drôle. Mais alors, les donjons, c’est brillant dès que l’introduction est passée, et ça le reste jusqu’au bout. Skyward Sword est construit autour de trois zones terrestres, que l’on sera amené à visiter plusieurs fois dans diverses configurations, avec des zones qui ne s’ouvrent que bien plus tard.
Zelda oblige, on récupère des objets au fur et à mesure, et ceux-ci nous permettent de progresser et d’affronter les dangers. Mais là, chaque visite et chaque donjon met à contribution plusieurs objets et même quand on revient quelque part, on découvre encore et encore. Disons-le, Skyward Sword propose parmi les tout meilleurs donjons de la licence toute entière. En revanche, la zone de Célesbourg n’offre que peu d’exploration malgré l’ouverture de la zone, mais on se concentre ici sur un certain nombre de quêtes secondaires.
C’est un peu dommage, car on ne retrouve pas dans les airs la magie des mers de The Wind Waker. En dehors de cela, le titre réserve de véritables moments de grâce dans sa narration, et la découverte des origines du « mythe Zelda » fait vraiment son effet. Les nouveaux arrivants ne seront pas perdus, les autres réussiront à relever tous les liens et toutes les références de ce qui a donné corps à l’univers de la licence. Malgré tout, il faut bien garder en tête que c’est vraiment dans sa deuxième partie que le titre devient excellent. On enchaîne les excellents donjons, des zones situées hors du temps, la mise en scène fait un vrai bon, et de nombreuses options annexes dont le craft font leur apparition. Améliorations d’armes, possibilités offertes par l’environnement et les objets, tout est très bon. On regrette d’autant plus ce démarrage d’une lenteur étonnante, et qui pourrait laisser sur le carreau un certain nombre de joueurs et joueuses, même si le rythme a été amélioré. Si vous êtes dans cette situation, accrochez-vous un peu, le reste vaut réellement le détour.
Motion gaming ou mode boutons, le (quart de) cœur balance
The Legend of Zelda : Skyward Sword proposait à l’origine des contrôles entièrement conçus pour la détection des mouvements, ce qui a freiné bon nombre de joueurs. Ils sont évidemment de retour ici, et ne posent que très rarement problème, les Joy-Con étant plus précis, et le recalibrage ne demandant que d’appuyer brièvement sur un bouton. De ce point de vue, Skyward Sword HD fait mieux que l’original, d’autant qu’en mode motion, il est désormais possible d’orienter la caméra au stick droit, qui n’existait pas à l’époque. Calé là-dessus, le système de combat proposait et propose une variété assez inédite, avec des coups possibles de haut en bas, de bas en haut, de gauche à droite, de droite à gauche, en diagonale et en coup d’estoc. Les ennemis ont donc des postures, qu’il faut contourner et parer correctement. Le système fonctionne très bien, même s’il faut s’habituer à une latence parfois sensible, qui ne nuit pas à l’expérience globale.
L’autre nouveauté, très attendue, c’est la possibilité de jouer aux boutons, notamment pour les joueurs ne disposant que d’une Switch Lite. Ce nouveau mode de contrôle conserve un peu de détection de mouvements, mais elle se limite aux fonctions gyroscopiques et n’est aucunement intrusive. Pour les coups d’épée, qui fonctionnent toujours sur ce système de postures, il faut faire avec le stick droit, et imprimer la direction souhaitée ou appuyer dessus pour faire un coup d’estoc. Pareil pour le bouclier, qui s’active en appuyant sur le stick gauche pour parer ou renvoyer un projectile. Les objets se calent sur ce principe, et, globalement, on s’y fait assez vite. Le seul vrai bémol, c’est la gestion de la caméra en mode boutons.
Le stick droit étant usuellement dédié à la caméra, on a tendance à sortir son épée et à mettre un coup dans le vent. Pour la contrôler, il faut maintenir enfoncé et utiliser le stick droit. Ce n’est pas très intuitif, même quand on s’y est fait. Plus généralement, le titre fait sentir son âge au niveau de l’ergonomie, un point sur lequel Zelda n’a jamais été brillant. Les menus sont fastidieux, on se trompe souvent, bref, ce n’est pas fou de ce point de vue, sans être catastrophique non plus. Quoi qu’il en soit, le choix est permis à tout instant, et nul doute que ce dernier permettra à pas mal de joueurs de profiter de l’aventure.
Entre technique et direction artistique, Skyward Sword HD fait le boulot
The Legend of Zelda : Skyward Sword HD ne cache pas son jeu, et il n’est en aucun cas un remake. Par conséquent, il navigue entre deux eaux. La première est que les textures souffrent un peu du poids des années, et que l’aliasing est assez présent, tandis que la distance d’affichage est plutôt faible. Mais le travail de remasterisation est bien fait et on sort quand même assez facilement de la bouillie de pixel et de l’aliasing ultra présent qu’affichait la Wii.
Pour l’avoir relancée récemment, cette version est vraiment difficile à regarder aujourd’hui, et d’autant plus en 480p. Désormais, les joueurs peuvent compter sur un 60 fps constant et un 720p en portable qui ne tremble pas. De manière générale, la direction artistique, située entre The Wind Waker et Twilight Princess a aidé le titre a bien vieillir, même si les textures restent assez floues dans les environnements.
C’est un gros regret, d’autant que Skyward Sword HD, très inspiré par l’impressionnisme, est très coloré, et les aplats rappellent que le titre a dix ans. En revanche, les modèles 3D des personnages et les animations passent toujours très bien. Dans l’ensemble, Nintendo a fait un travail très honnête pour faire de cette version HD une version bien plus agréable que l’originale et on est loin de la déconvenue des portages des Mario 3D.
Par contre, on ne peut que regretter le tarif prohibitif du jeu, quand bien même on sait que Nintendo n’estime pas que le nombre d’années affecte la valeur d’un titre. Les améliorations graphiques et techniques ont été faites par petites touches, mais précisément là où le jeu en avait le plus besoin. On passe très rapidement sur la musique pour dire qu’elle est beaucoup plus présente, par choix, que l’excellente bande originale de Breath of The Wild (allez l’écouter, elle est beaucoup plus riche qu’elle n’en a l’air), et qu’elle est toujours aussi bonne.
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