Third Éditions : Notre interview avec le co-fondateur, Mehdi El Kanafi
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Rédigé par Julien Blary
A l’occasion de l’AG French Direct, nous avons pu réaliser plusieurs interviews exclusives avec les participants. Parmi celles-ci, nous avons eu l’honneur de poser quelques questions à Mehdi El Kanafi, co-fondateur de Third Editions, une maison d’édition que vous devez potentiellement connaître si vous aimez la lecture. Voici notre entrevue inédite suite aux récentes annonces.

La littérature a toujours eu une grande place en France et des éditeurs comme Third Éditions nous ont prouvé qu’elle était loin d’être incompatible avec le jeu vidéo. Depuis 10 ans, nous avons droit à des ouvrages revenant sur les plus grands jeux (mais aussi cinéma, séries, BD…) sous la plume de journalistes, professionnels ou encore passionnés du milieu. Chacun y apporte ainsi son expertise et ses analyses sur ces jeux qui ont marqué l’industrie.
Aujourd’hui, Third Éditions nous fait le plaisir d’annoncer deux nouveaux ouvrages à l’occasion de l’AG French Direct. Nous avons profité de cette occasion pour poser quelques questions à Mehdi El Kanafi, co-fondateur de Third Éditions, afin d’en apprendre un peu plus sur ce monde du livre principalement dédié à l’analyse des jeux vidéo.
Third Éditions écrit une nouvelle page de son histoire
- Tout d’abord, merci pour cette interview ! Pouvez-vous rapidement vous présenter, qui êtes-vous et quel est votre rôle chez Third Éditions ?
Merci pour l’invitation et merci de nous avoir accueilli lors de l’AG French Direct. Je m’appelle Mehdi El Kanafi et je suis cofondateur de Third Éditions. Avec mon associé Nicolas Courcier, on gère le quotidien de la maison d’édition, la ligne éditoriale, le développement, mais aussi tout le versant gestion et administratif lié à une société.
- Vous venez d’annoncer deux nouveaux ouvrages à l’AG French Direct, pouvez-vous nous en dire plus sur eux ?
Depuis la première édition de l’AG French Direct, les équipes d’ActuGaming nous on toujours demandé si on souhaitait participer. Nous avons toujours refusé, parce que ça demande pas mal d’organisation. Il faut déjà trouver une ou plusieurs annonces excitantes, mais il faut aussi trouver des annonces qui pourraient coller avec notre planning. Et cette année, c’était parfait. Nous avions deux beaux livres à présenter, sur le même sujet (le J-RPG) et dont la fenêtre de sortie (décembre) était raccord avec l’événement. Et la couverture de l’un des deux livres est signée Guillaume Singelin, un artiste français qui s’est notamment illustré grâce à la direction artistique du jeu Citizen Slipper.
- Comment s’est passé l’approche avec les auteurs ?
Concernant le livre En Quête de J-RPG, c’est directement Jordan Mauger qui nous a contactés, car il savait que le genre du jeu de rôle japonais était l’une de nos spécialités. En revanche, c’est nous qui sommes allés chercher Pierre Lovati. Sans exagérer, nous cherchions un auteur pour FFVII Remake depuis des années. Et c’est après l’une de ses vidéos sur le sujet que nous avons eu le coup de cœur.
D’autres projets autour de la pop culture
- Vous avez récemment annoncé plusieurs beaux projets (Gunnm, Hokuto No Ken, Makoto Shinkai…). Pouvez-vous revenir sur ces annonces et nous en dire un peu plus ?
C’est devenu une tradition, nous réalisons tous les deux-trois mois une semaine d’annonces. Une semaine durant laquelle nous révélons quelque chose tous les soirs. Cette fois, nous avons annoncé le panel de livres prévus pour la Japan Expo, et donc, ce sont des ouvrages tournés vers le manga et l’animation. Third est connue pour être une maison d’édition dédiée aux publications sur le jeu vidéo, mais dès la seconde année nous avons publié un livre sur Dragon Ball. On ne peut même pas parler de diversification, car en réalité, analyser la pop culture dans sa globalité fait partie intégrante de notre ligne éditoriale.
- Cela fait longtemps que vous êtes dans le circuit. Comment le milieu littéraire français perçoit cette littérature fortement dédiée à l’analyse des jeux vidéo et est-ce que cela a évolué avec le temps ?
La France connaît le plus grand nombre d’éditeurs du genre. Néanmoins, avec les années nous avons chacun trouvé notre singularité, et même si nous évoluons tous dans le même secteur, nous ne sommes au final pas vraiment concurrents. Notre truc à nous, c’est en effet l’analyse. Et coup de chance, le traitement au long court est de plus en plus apprécié et populaire en format vidéo. Ce qui favorise et habitue le lectorat à nos ouvrages.
- De manière générale, comment se déroule la sélection des sujets / thématiques des livres que vous publiez ?
C’est totalement arbitraire ! On choisit en premier lieu des livres que nous voulons lire. Puis, dans un second temps, on regarde si on peut aligner l’ouvrage avec une actualité forte (un nouveau jeu, film, série, etc.). Être raccord avec l’actu est de plus en plus important, surtout en librairie, car les libraires aiment alimenter leur rayons de titres qui ont un écho avec les sujets brûlants du moment.
- Certains projets s’exportent aussi à l’international. Comment estimez-vous ceux qui ont le plus de chance de fonctionner dans d’autres pays ?
Chez Third, nous gérons en interne les publications sur le sol nord-américain et anglais. Pour le reste des pays, nous travaillons avec des éditeurs partenaires à qui nous vendons les manuscrits, et c’est donc eux qui traduisent, fabriquent et distribuent. Contrairement aux livres en anglais donc, où c’est 100% du Third.
Comme pour la France, nous essayons d’aligner les sorties US et UK avec l’actualité. Par exemple, nous avons réalisé un Kickstarter pour traduire nos livres sur les jeux Naughty Dog pendant la diffusion de la série TLOU.
Enfin, pour ce qui est de juger le marché, c’est difficile, car nous le faisons depuis la France. Mais nous avons des pistes d’amélioration pour être plus proche des marchés anglais.
- On sait que les éditeurs et ayants droit sont très protecteurs avec leurs licences. Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur ce que vous pouvez ou ne pouvez pas faire ? Et sur le processus en général pour obtenir l’autorisation de parler d’une œuvre ?
L’utilisation d’images est très réglementée, quel que soit le support : vidéo, livre, magazine. Et donc, quand nous avons commencé il y a maintenant 13 ans (à l’époque de notre première maison d’édition : Console Syndrome), nous avons travaillé avec Ubisoft pour pouvoir publier un livre sur Assassin’s Creed. On a eu de la chance sur notre premier livre, la chance du débutant. Et il s’est avéré par la suite que traiter avec les éditeurs de jeux était très complexe. Nous avons donc choisi de publier un livre de jeu vidéo sans image, sur la saga Zelda ; tout simplement car tout le monde savait à quoi ressemblait Link, Ganon ou la Princesse Zelda. Et ce qui est né d’une contrainte est devenue une singularité, une marque de fabrique.
Aujourd’hui, nous travaillons encore en majorité sans illustration à l’intérieur de nos livres. Nous illustrons en revanche la couverture, avec des réinterprétations, ce qui est autorisé, car nous informons le lecteur du contenu du livre. Néanmoins, nous travaillons aussi avec les studios sur certains livres, notamment sur la collection The Heart of.
- Doucement mais sûrement, vous allez vous approcher des 10 ans de Third Éditions (Félicitations !). Quelle est votre vision à moyen et long terme pour la maison ? Avez-vous des projets à nous partager ?
Merci beaucoup !
À moyen terme, nous aimerions que Third sorte sans trop de heurts de la crise actuelle. Une crise économique globale qui a causé une hausse du prix du papier et des transports sans précédent. Et pour une maison d’édition, ces deux secteurs sont vitaux.
À long terme, nous aimerions nous pencher plus encore sur l’international. Rien de très croustillant pour vous du coup, j’en suis désolé ! Néanmoins, on veut continuer de publier des livres et des émissions ; il y a encore tant de sujets à explorer.
- Avez-vous une anecdote ou une histoire insolite à raconter ? Quelque chose qui vous a marqué ou un fait à partager ?
Quand avec Nico on réfléchissait au nom de notre maison d’édition (la troisième, d’où Third), on a pensé au nom “Respaw”, pour la symbolique, mais c’était déjà un studio. Je pense à ça car je viens de finir Star Wars Jedi : Survivor, un jeu de studio.
- Un dernier mot pour nos lectrices et lecteurs ?
Merci du soutien ! Merci à tous ceux qui nous lisent et nous écoutent.
Nous remercions Mehdi El Kanafi d’avoir répondu à nos questions et nous vous conseillons de jeter un oeil aux collections de Third Éditions si jamais vous voulez en savoir plus des licences qui vous ont marqué.
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