Tous les employés de l’éditeur Annapurna Interactive (Stray, Outer Wilds) démissionnent suite à des désaccords avec la direction
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Rédigé par Jordan
C’est un vrai coup de tonnerre qui a retenti dans la nuit pour l’industrie. Annapurna Interactive est un éditeur de jeux prolifique avec une marque indé à la Devolver, qui a grossi d’année en année au point de présenter ses propres showcases. On lui doit notamment la distribution de jeux comme Stray, Outer Wilds, Solar Ash et tant d’autres jeux avec une proposition originale. De l’extérieur, l’entreprise ne semblait pas être impactée par de lourds problèmes, mais les récents changements dans sa direction ont mené à l’une des nouvelles les plus choquantes de cette rentrée.
Des changements qui ont mit en péril l’identité d’Annapurna
L’information nous vient de Jason Schreier, qui écrit dans les colonnes de Bloomberg que l’entièreté du staff d’Annapurna Interactive vient de rendre sa démission auprès de la direction. On parle ici de 25 employés, menés par leur président Nathan Gary, qui souhaitaient voir la division gaming prendre son indépendance. Les négociations ont cependant échoué et ont conduit à cette décision, présentée par Nathan Gary :
« Les 25 membres de l’équipe d’Annapurna Interactive ont démissionné collectivement. C’est l’une des décisions les plus difficiles que nous ayons jamais eu à prendre et nous n’avons pas pris cette décision à la légère. »
Que s’est-il donc réellement passé ? Il faut remonter au début du mois pour sentir un début de fumée dans les rangs du groupe. The Hollywood Reporter nous apprenait le 6 septembre dernier que Nathan Gary était sur le départ suite à l’embauche de Hector Sanchez à la tête de la division « interactive and new media ». Un ancien de chez Epic Games qui n’est pas non plus inconnu d’Annapurna, puisqu’il était là lors de la création d’Annapurna Interactive en 2016, soit la division jeu vidéo du groupe (à dissocier d’Annupurna tout court).
Un retour qui était accompagné par un changement de stratégie voulue par la maison-mère, et plus précisément par la propriétaire Megan Ellison (fille du milliardaire Larry Ellison), qui voulait qu’Annapurna Interactive diversifie son portfolio en se tournant également vers des productions AAA, soit des jeux à des budgets bien plus conséquents que ceux édités par le passé. Ellison souhaite également que le groupe en général aille lorgner du côté du cinéma et de la télévision, ce qu’il faisait déjà mais à petite échelle.
Une vision très différente de celle d’origine qui a entraîné de profonds désaccords, menant à l’envie de la division gaming d’être séparé du reste d’Annapurna. Selon Bloomberg, Megan Ellison n’aurait pas donné suite à ces négociations, ce qui a conduit l’équipe à prendre cette douloureuse décision.
Quel avenir pour les jeux Annapurna ?
Annapurna Interactive ne ferme pas ses portes pour autant. Un peu à la manière d’un Private Division (même si la situation est différente), l’entreprise reste encore sur pied, malgré le fait qu’elle soit aujourd’hui une coquille vide. Hector Sanchez indique que les employés seront remplacés, ce qui indique donc que le groupe va poursuivre son activité.
Tous les jeux édités par Annapurna restent bien sous la coupelle de cet éditeur, du moins selon un porte-parole du groupe. Bloomberg indique de son côté que les studios qui sont édités par Annapurna ont du mal à établir des discussions avec le groupe ces derniers temps, ne serait-ce que pour savoir si les engagements seront tenus jusqu’au bout. Davey Wreden, fondateur du studio Ivy Road, a déclaré que son jeu Wanderstop est toujours en bonne voie pour sortir.
Cette nouvelle intervient également quelques jours seulement après la signature d’un contrat entre l’éditeur et Remedy. Les licences Control et Alan Wake doivent être adaptées au cinéma et à la télévision par Annapurna, tandis que Control 2 bénéficie du soutien financier de l’éditeur à hauteur de 50% du budget. Thomas Puha, responsable de la communication au sein du studio, précise sur Twitter (X) que Remedy auto-édite Control 2, tandis que cet accord a été effectué avec Annapurna Pictures, et non Annapurna Interactive. La situation ne devrait donc pas impacter Remedy.
Quid de l’avenir d’Annapurna Interactive maintenant ? Si les contrats actuels sont bien honorés, il sera plus difficile d’en obtenir des nouveaux. Voir le groupe s’engouffrer dans le piège des AAA n’est pas forcément rassurant tant cela semble être à contre-courant de son ambition de départ. Et avec tous ses employés en moins, le label tel qu’on le connait aujourd’hui est de l’histoire ancienne.
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