Un actionnaire minoritaire s’attaque à Ubisoft et prétend que l’éditeur était en discussion pour vendre ses licences à EA et Microsoft
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Rédigé par Jordan
À l’heure où le destin d’Ubisoft va se jouer sur la réception d’Assassin’s Creed Shadows, l’éditeur doit faire face à plusieurs problématiques. D’abord, celle d’une potentielle sortie de bourse avec l’aide de Tencent, ce qui semble être une solution qui commence à battre de l’aile. Puis viennent les nombreuses problématiques soulevées par ses employés, avec des équipes diminuées et des conditions de travail pointées du doigt, alors que devait s’ouvrir un procès majeur concernant d’ex-cadres de l’entreprise. Un moment d’instabilité délicat à gérer, et c’est durant cette période qu’un actionnaire très mécontent (et en manque d’attention) veut pousser l’entreprise à prendre certaines décisions drastiques.

Un appel qui a peu de chance d’être entendu
IGN met en lumière l’action de Juraj Krúpa, PDG d’AJ Investments, qui est un actionnaire minoritaire d’Ubisoft et qui appelle aujourd’hui à une manifestation devant les locaux d’Ubisoft Paris en mai prochain.
Il accuse la direction du groupe de ne pas avoir de feuille de route claire concernant le redressement de ses finances, tout en indiquant qu’elle cacherait des informations aux actionnaires. L’actionnaire avance (sans preuve, mais basé sur un article de MergerMarket) qu’Ubisoft était en discussion avec certains éditeurs comme EA et Microsoft à propos de la revente de certaines licences, sans que les investisseurs soient au courant.
Il prend également l’exemple d’Assassin’s Creed Shadows et de ses multiples retards, qui sont la preuve d’un manque de bon management :
« La direction a reporté pour la première fois la sortie de son jeu actuel (qui devrait sauver l’entreprise et ses finances), Assassin’s Creed, le 18 juillet 2024. À cette date, Ubisoft a confirmé ses prévisions pour l’année entière et la sortie d’AC Shadows le 15 novembre 2024. Quelques mois plus tard, en septembre 2024, Ubisoft a de nouveau retardé la sortie du jeu et révisé ses prévisions, ce qui, selon nous, était prévisible par la direction d’Ubisoft. Après le troisième report, le jeu sera finalement publié le 20 mars 2025. Ces retards et ces prévisions révisées ont entraîné de fortes baisses des cours boursiers, ce qui a principalement pénalisé les investisseurs particuliers disposant de ressources limitées pour gérer leurs positions en conséquence. »
Et s’il y aurait beaucoup de choses à dire sur la manière dont Ubisoft prend certaines décisions, difficile de dire qu’il en a pris une mauvaise concernant les reports d’Assassin’s Creed Shadows, qui doit être lancé dans le meilleur état possible après trop de lancements approximatifs ces dernières années. L’investisseur découvre visiblement le petit monde du jeu vidéo et les multiples délais que certaines productions doivent prendre.
Un actionnaire capricieux qui a déjà fait parler de lui
Des actionnaires qui appellent à manifester, on en voit pas tous les jours, on vous l’accorde. Mais si IGN rappelle que Juraj Krúpa est un nom que l’on connait déjà, étant donné que c’est lui qui avait publié une lettre ouverte à la direction d’Ubisoft en septembre dernier, le site oublie de remettre en contexte le profil de l’actionnaire en question. AJ Investments n’est d’abord qu’un actionnaire minoritaire qui a fait beaucoup de bruit, mais qui possède peu de parts au sein de l’entreprise, malgré son envie de se présenter comme un porte-parole ou un représentant.
Il est aussi un actionnaire plutôt récent, qui a rejoint le capital de l’éditeur il y a seulement quelques mois, alors que l’action d’Ubisoft était déjà basse. Une arrivée pile au moment où Star Wars Outlaws allait sortir et où Assassin’s Creed Shadows était encore prévu avant les fêtes de fin d’année. Autrement dit, le genre d’investisseur qui rentre au bon moment avant de planifier une sortie dans les mois à venir après une remontée de l’action suite à ces sorties. Avant cela, il était un actionnaire d’Activision-Blizzard, racheté par Blizzard. Voyant Ubisoft dans une situation similaire, il pensait sans doute qu’un rachat allait vite se concrétiser, de quoi maximiser les profits pour une sortie rapide.
Puisque les problèmes d’Ubisoft ne datent pas d’hier, AJ Investments était certainement au courant de tous ces soucis avant d’acquérir ses actions, et il est difficile de prendre au sérieux son étonnement face à la situation dans laquelle se trouve le groupe aujourd’hui. On doute même qu’il se rende sur les lieux de la manifestation qu’il convoque, mais allez savoir.