Un Assassin à New-York – Notre avis sur le manga de Pika
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Rédigé par Neomantis Dee
Si The Fable, que nous vous présentons depuis quelques temps, est avant tout une œuvre humoristique mettant en scène des mafieux et des tueurs à gages, le manga qui nous intéresse aujourd’hui met également en scène un homme dont la profession est tueur, mais dans un genre ouvertement issu des films noirs et des romans hard-boiled. Edité en France par Pika Edition, Un Assassin à New-York est un manga en one-shot assez particulier, puisqu’initialement prépublié en 1996 et qui ressort en 2021 en grand format.
Scénarisé par Jinpachi Môri, ce one-shot à été imaginé après un voyage de ce dernier à New-York dans les années 80. Fortement impacté par la guerre du Golfe, il écrit cette histoire comme catharsis face à la violence de son époque et ainsi pouvoir y projeter sa propre vision d’un New-York aux airs d’années 40/50. Le dessinateur Jirô Taniguchi, qui jouit d’une renommée certaine en France, notamment par sa collaboration avec Moebius, va apporter une identité au manga de Môri avec ses dessins au style occidentalisé. Il nous a malheureusement quitté en 2017.
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Un Assassin à New-York est un thriller aux relents de films noirs qui nous fait suivre le personnage de Benkei. Un sombre et mystérieux japonais qui travaille comme faussaire en reproduisant des toiles de peintures qu’il revend à la mafia, tout en étant en parallèle un tueur à gages peu commun. Il est en effet spécialisé dans les meurtres motivés par la vengeance de ses clients. Une pratique nommée « adauchi » en japonais.
Dès la lecture du pitch, le manga est tout de suite attrayant. Les premières pages nous invitent à suivre le quotidien de ce héros atypique. Il ne faut pas attendre les premières cases pour baigner dans l’ambiance hard-boiled avec un New-York imposant et plongé sous la pluie. Le one-shot va entièrement se dérouler dans la grosse pomme en plus de se construire au gré de chapitres plus ou moins indépendants. Chaque chapitre va mettre en scène une situation spécifique sans qu’un réel fil conducteur vienne les relier les uns les autres. Les seuls liens évidents d’un chapitre à l’autre sont le personnage de Benkei et le thème de la vengeance qui guide ses agissements.
On a donc plusieurs parties distinctes avec un début et une fin à chaque fois, cette dernière étant généralement ponctuée d’un assassinat bien mis en scène. Cependant, il vaut mieux suivre l’ordre préétabli puisque malgré l’absence d’une continuité et d’une fluidité évidente, les informations concernant le mystérieux Benkei vont peu à peu apparaître au compte goutte. En outre, chaque contrat de Benkei est l’occasion de mettre en lumière les pires secrets d’individus, plaçant le héros dans une posture qui peut renvoyer à celle d’un justicier, d’une certaine manière. Bien que ses motivations ne fassent pas de lui un philanthrope.
La griffe du passé
Jinpachi Môri s’est appliqué a retranscrire du mieux possible cette ambiance particulière qui suinte dans toute œuvre du genre, avec la dose de mystère qui va avec. Quand bien même le peu de dialogues impliquant directement le personnage principal, on ressent un charisme évident qui en émane, en plus d’une aura pesante. Le dessin de Taniguchi va par ailleurs parfaitement accentuer ce flou entourant le personnage de Benkei, impénétrable et difficile à cerner.
En tant que lecteur, nous ne sommes que des témoins et c’est à nous d’interpréter ce qui est dit et ce que l’on nous montre afin de se construire un avis sur les agissements du héros. Malgré un manque évident de profondeur pour le personnage, le format one-shot et par chapitre n’aidant pas, cela lui confère une aura mystérieuse tout aussi pertinente. Une absence d’un background et de précisions quant à ses motivations contribuent à instaurer un climat si particulier à l’histoire, le style noir et blanc privilégié n’y étant pas non plus indifférent.
Puis, le dessinateur a su parfaitement apposer le bon style pour faire ressortir ce qu’il faut de l’intrigue. Sans qu’il y ait besoin de texte, les images se suffisent amplement, et heureusement, car Un Assassin à New-York n’est pas aussi bavard que l’on pourrait le supposer. Sur ce point, il est a rapprocher du manga, tandis que son rapport à l’intrigue et son découpage ont plus à voir avec de la BD franco-belge. On y trouve pas mal de plans larges qui vont mettre en avant les décors, soulignant l’importance des lieux dans l’intrigue et posant un cadre défini et symbolique qui habille une histoire qui a du mal à se livrer.
Faut-il craquer pour Un Assassin à New-York ?
Que ce soit pour ses petites histoires percutantes, son personnage principal charismatique et difficile à cerner, ou bien par les dessins harmonieux de Taniguchi, Un Assassin à New-York est une œuvre très intéressante tout droit sortie des années 90. Scénariste comme dessinateur maîtrisent clairement les codes du film noir et parviennent sans mal à l’insuffler dans leur manga, qui ravira tout fan du genre. Bien que l’approche en chapitres plus ou moins indépendants puisse gêner car elle traduit un manque de profondeur global, vis-à-vis des personnages principaux comme secondaires et de tous les enjeux autour, cela participe finalement au travail d’ambiance et de mystère qui transpire de l’œuvre.
Les décors et la ville prennent une place importante dans le récit, un fait obligatoire quand on souhaite faire dans le genre film noir, ce qui rend l’approche assez différente de ce qui peut se faire actuellement sur le marché, surtout en manga. Ici, les artistes ont choisi de limiter les informations textuelles mais pas pour accentuer l’action comme la plupart, mais bien dans le but de renforcer l’atmosphère et la tension. Typiquement, Un Assassin à New-York réussi à raconter quelque chose en mixant intelligemment les codes du noir avec les contraintes liées au format bd.
Acheter Un Assassin à New-York sur AmazonFan de roman hard-boiled à la Raymond Chandler, de films noirs et/ou de jeux vidéo comme Mafia ou encore L.A Noire, pour ne citer qu’eux, vous devriez trouver ce qu’il faut avec ce manga inspiré, et inspirant. On aurait aimé que cela dure plus longtemps.
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