Vampire the Masquerade – Bloodhunt : Dans les coulisses du studio AAA Sharkmob
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Rédigé par Quentin
Attendu pour le 27 avril prochain, Vampire the Masquerade – Bloodhunt est un Battle Royale qui vous a peut-être tapé dans l’œil durant son accès anticipé l’année dernière. Un premier titre ambitieux pour le tout jeune studio Sharkmob, fondé par des vétérans très expérimentés dans le domaine.
A l’occasion d’un évènement presse, nous avons pu visiter le studio dans son ensemble pour y découvrir les coulisses de création. Une occasion rare d’observer de près le fonctionnement d’un jeune studio AAA, qui est en plus porté sur le jeu-service multijoueur. On a également pu rejouer au titre dans sa version finale.
Sommaire
ToggleUne croissance fulgurante
Le studio Sharkmob se situe dans la petite ville suédoise de Malmö, à une trentaine de minute à peine de la capitale du Danemark : Copenhague. Un lieu plutôt tranquille, mais non loin de tout, qu’ont choisit les 5 fondateurs pour établir leurs nouveaux locaux en 2017 lors de la création de la structure.
Même si aujourd’hui, l’environnement est très spacieux et s’étale sur plusieurs étages, ils ont indiqué avoir démarré dans une petite partie de cette ancienne banque suédoise (certaines salles ont encore les énormes portes blindées de coffre-fort). Une espace de travail qu’ils ont étendu petit à petit afin d’accueillir toujours plus de nouvelles recrues.
L’acquisition par le géant chinois Tencent en 2019 a évidemment été un tournant majeur pour Sharkmob, qui a pu ouvrir un nouveau studio à Londres, permettant ainsi de travailler sur deux autres projets en plus de Vampire the Masquerade – Bloodhunt.
On ne sait pas encore de quoi il s’agit exactement, mais il semblerait que nous ayons affaire à deux nouvelles licences. Toutefois, le studio revendique son expertise sur les jeux multijoueur AAA orienté action et qui disposent d’un univers riche et original. Sans oublier un caractère hautement social qu’ils mettent également en avant.
Ces deux nouveaux chantiers vont donc rester dans cette même veine. Malmö est également la ville natale du studio Ubisoft Massive Entertainment à qui l’on doit notamment The Division. Les fondateurs ayant travaillé sur le titre nous ont confié qu’ils voulaient devenir indépendant pour tenter de nouvelles idées.
Même si cela n’a pas été énoncé clairement, on sent également qu’il y a cette idée de trancher avec un management contesté et souvent rapporté par la presse spécialisée depuis quelques années, notamment avec une hiérarchie très concentrée où une personne prend toutes les décisions sur tous les pans d’un jeu sans tenir compte des suggestions des employés (pour résumer grossièrement).
Sharkmob prône ainsi le « Shared Ownership » (la copropriété) en laissant aux employés une plus grande marge de manœuvre dans leur domaine de prédilection. Clairement, on sent que la mention des conditions de travail n’est pas anodine tant on sait qu’elle pèse aujourd’hui dans le paysage médiatique, et de surcroit sur l’image des studios, notamment en ce qui concerne les histoire de « crunch ». Plus qu’un élément de communication, on comprend à leur contact que l’aventure qu’ils ont lancé était d’abord motivée par une plus grande liberté créatrice, mais aussi de faire autrement dans la manière de développer des jeux.
Un studio AAA pratiquement autonome
Aujourd’hui, Sharkmob peut se targuer d’avoir 342 employés en totalité. Notre visite dans l’enceinte a été très intéressante car cette ambiance de travail est assez récente pour les membres qui sortent d’une grosse période de pandémie (même si le télétravail est toujours de mise quelques jours par semaine).
En tant que studio AAA, la firme dispose de tout le nécessaire pour développer un jeu de l’acabit de Vampire the Masquerade – Bloodhunt et même pour assurer son suivi. Car le Battle Royale a déjà des saisons à venir au programme, et en tant que jeu-service, le contenu apporté sera évidemment régulier.
Les développeurs sont conscients des réactions lorsque l’on évoque le genre « Battle Royale », toutefois ils considèrent aujourd’hui qu’il à dépassé ce statut de « mode » et qu’il s’agit désormais d’un genre à part entière. Leur approche a au moins le mérite d’avoir des ambitions plus hautes qu’un énième simili de Fortnite au design cartoonesque grand public et générique.
Malgré tout, on nous avance que Vampire the Masquerade – Bloodhunt a été conçu comme n’importe quel AAA développé sous Unreal Engine 4 (pour information, les deux autres projets évoqués précédemment utiliseront l’UE5). Comme le confirme ce bon vieux PEGI 18, il se destine à une audience mature, avec un univers riche et déjà bien en place.
Il dispose ainsi d’une bande-son complète et d’un sound design entièrement travaillés dans un studio d’enregistrement insonorisé (le titre profite d’ailleurs de l’audio en 3D sur PS5). On a également pu faire un tour du côté des artistes qui sont responsables de l’identité visuelle du soft. Dans ce secteur, on nous a expliqué que le but était de se rapprocher des ambiances de grosses séries à succès produites par HBO ou encore Netflix pour nous offrir une vision vampirique à la fois sombre et réaliste de la ville de Prague.
Des techniques de pointe
A ce propos, le studio nous a donné accès au premier trailer créé pour le jeu qui n’a encore été jamais diffusé. Avec cet exemple, on nous a expliqué l’accent artistique sur le look moderne, les rares couleurs chaudes dans cette obscurité (dominées par la jaune) et la pluie.
Dans ce Battle Royale mettant l’accent sur la verticalité, avec ces nombreux bâtiments que l’on peut escalader aisément en tant que vampires, la reconstruction assez fidèle de la capitale tchèque donne un terrain de jeu assez original. Comme ses concurrents, il utilise des zones bien définies sur la carte permettant, à la longue, de se repérer facilement. Toutefois, il s’agit là de véritables places existantes modélisées grâce à la photogrammétrie de clichés pris sur place et sous différents angles, et il faut bien admettre que le résultat in-game est assez bluffant.
La pièce où l’on a pu observer cette technique faisait partie d’une énorme zone voisine du studio qui sert également à la motion capture, la modélisation de personnages, et la production de cosmétiques. Grâce à ces installations impressionnantes, ils peuvent désormais créer du contenu pour leur jeu très rapidement.
Auparavant, la modélisation des personnages était confiée à un studio parisien, mais aujourd’hui, grâce à une nouvelle installation, ils peuvent directement créer des modèles dans une sorte d’énorme cage avec des dizaines d’objectifs braqués en son centre. Un processus que nous avons eu l’occasion d’observer grâce au dévouement d’un confrère anglais qui s’est prêté au jeu et a vu son visage, torse et cheveux, prendre forme en à peine une heure.
Dans la salle d’à côté nous avions un atelier équipé d’une énorme imprimante 3D permettant de créer des mannequins sur mesure très résistants. Grâce à ces deux techniques, Sharkmob peut aisément créer de nouveaux cosmétiques pour son free-to-play. Ce qui nous a le plus impressionné s’est déroulé dans la grande salle principale où sont organisées les séances de motion-capture. Au premier abord, l’exercice semblait classique si l’on a déjà vu des vidéos dans les coulisses d’autres studios, cependant la prouesse réside ici dans le fait que Sharkmob peut générer directement le rendu des mouvements et performances de l’acteur avec le moteur du jeu.
Le tout dans un espace donné, même avec un objet, ce qui permet de créer de nouvelles emotes notamment. La pièce peut en plus modéliser n’importe quel endroit enregistré, et ensuite, le déplacement avec la camera-portée permet de prendre différents angles en temps réel.
Pourquoi Vampire The Masquerade ? Dans l’ombre de Bloodline 2 ?
Se lancer dans la création d’un studio avec un projet ambitieux est déjà risqué en soi, Sharkmob a voulu donc atténuer le risque en piochant dans une licence bien établie et mature. Cela tombe à point nommé puisque la franchise de jeu de rôle sur table a besoin de conquérir un nouveau public par le biais du jeu vidéo, d’où l’accessibilité de la licence permettant à l’heure actuelle d’avoir trois adaptations par différents studios.
La franchise bénéficie en outre de la bonne réputation de Vampire – The Masquerade: Bloodline, qui reste un classique très apprécié. Sa suite connait malheureusement des soucis de développements depuis quelques années. Sharkmob a conscience que Bloodlines 2 est celui qui en tête au niveau des attentes des fans et il souhaitait justement que le RPG sortent avant Bloodhunt pour bénéficier de sa bonne aura et de la faim de lore des anciens et nouveaux fans.
Les développeurs insistent tout de même en précisant que le lore n’est pas mis de côté malgré son étiquette « Battle Royale free-to-play ». Bloodhunt dispose en effet de plusieurs PNJ et même d’un système de quêtes à compléter durant les joutes dans Prague. Le titre du jeu est d’ailleurs un élément du lore qui fait directement référence à la toile de fond du titre : une chasse entre vampires.
Les vampires, et accessoirement les joueurs, doivent également protéger la mascarade en ne révélant pas le monde des ténèbres. Dans le gameplay, cela passe par une discrétion lorsque l’on se nourrit du sang d’un ou d’une inconnue pour récupérer de la santé ou gagner des compétences passives. En cas de flagrant délit, une lourde pénalité est infligé durant près d’une minute, révélant la position du fautif à tous les autres concurrents.
Et pour la suite ?
Vampire the Masquerade – Bloodhunt se lancera officiellement demain sur PC et PS5 en free to play. A l’occasion de ce premier lancement, les développeurs nous ont partagé leurs inquiétudes (car dans un jeu multi de nombreux problèmes peuvent survenir) mais aussi leur confiance et leur excitation.
L’année dernière, notre première approche avec le Battle Royale était plutôt positive, et après y avoir rejoué durant cette visite, on confirme ces bonnes ondes. Il ne révolutionne pas le genre, mais parvient à suffisamment le renouveler grâce à de bonnes idées : la verticalité du terrain et la liberté de mouvement, les pouvoirs vampiriques, les différents archétypes de vampire, et une certaine maturité dans le ton.
Nos inquiétudes restent pour ainsi dire les mêmes et dépendent énormément du suivi tant on sait que les joueurs peuvent se lasser rapidement. Toutefois, tout n’est pas identique par rapport à notre dernière rencontre avec le soft car le peaufinage est passé par là depuis.
Grâce à l’accès anticipé, Sharkmob a ainsi pu recueillir les retours de la communauté pour y implanter certaines retouches. On nous a par exemple évoqué le système « Easy Anti-cheat » annoncé en février et qui a donné des débats animés sur les réseaux du titre. En ce concerne la monétisation, on reste en terrain connu avec aucun élément de pay-to-win, mais uniquement des achats de cosmétiques et de Battle Pass.
En plus des nouvelles saisons prévues au fil des ans, Bloodhunt va mettre en place un système de créateur de contenu musical avec « Music Royale ». Sharkmob permettra ainsi à des artistes indépendants de publier des musiques pour alimenter les saisons. Une idée qui rappelle encore celle d’Ubisoft même si le studio promet une utilisation juste des droits d’auteurs. L’initiative a également été lancée pour permettre aux Youtubeurs ou au streamers de jouer sans tomber dans les problèmes de copyright.
Concernant Vampire The Masquerade – Bloodhunt, nous vous fournirons un test maison peu de temps après la sortie, mais en attendant, nous remercions Sharkmob de nous avoir ouvert ses portes pour en apprendre plus sur les coulisses de développement d’une grosse production.
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Date de sortie : 27/04/2022