Wyld : Notre avis sur le tome 2 de Bragelonne
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Rédigé par Ludvig Auvens
Fin d’année dernière, nous vous parlions pour la première de romans non tirés d’une licence de jeu vidéo. Cette fois-là, nous vous présentions Wyld, avec un premier tome de grande qualité. Aujourd’hui, nous continuons de nous plonger dans cette œuvre intéressante en nous tournant vers un second tome, sous-titré Rose de Sang. Toujours écrit par Nicholas Eames, ce deuxième volume est sorti le 15 janvier 2020 aux éditions Bragelonne.
Avec la situation que connaît l’Europe en ce moment, c’était l’occasion parfaite pour se plonger dans un gros morceau comme celui-ci. Fort de ses 544 pages, l’ouvrage demandait un peu de temps pour le parcourir de bout en bout et fournir un avis complet à son sujet. Et, compte-tenu de notre retour très positif sur le premier tome, nous ne pouvions pas faire autrement que dévorer entièrement cette suite avant d’en parler.
Avec La Mort ou la Gloire, l’auteur présentait un univers mêlant classicisme du genre et innovation. Entre ses liens étroits avec Donjons & Dragons et son jargon et fonctionnement rappelant l’univers de la musique Rock, Nicholas Eames nous proposait un cocktail explosif à mi-chemin entre l’épique et l’humoristique. Nous avions été charmés par ce mélange unique, mais cette suite fait-elle le même effet, une fois la surprise évaporée ? C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre dans la suite de cet article !
Sommaire
ToggleUne mise en place pleine de potentiel
Tout d’abord, sachez que l’intrigue prend place six années après la bataille de Castia. On retrouve Rose, la fille de Gabe que le groupe était parti sauver dans le premier tome. Cette dernière est devenue une célèbre guerrière, connue sous le surnom de Bloody Rose, et leader du groupe Fable (Oui, comme le jeu). Le mouvement anti-aventure que nous retrouvions déjà dans le premier volume est devenu dominant dans cette suite et la chasse au monstre a presque disparu.
A la place, on retrouve un système capitaliste soutenu par l’art du spectacle. Les mercenaires vont d’arène en arène afin d’affronter des monstres capturés il y a longtemps ou élevés dans le seul but de fournir du spectacle. C’est ainsi que se déroule désormais le monde des « aventuriers » qui n’en sont, dès lors, plus vraiment. Adieu les quêtes et bonjour les combats organisés.
Mais, pendant ce temps, les survivants de la Horde de Castia se sont regroupés. Ces derniers forment une nouvelle Horde sous le commandement de Brontide. Afin de les contrer, les groupes de mercenaires se dirigent vers eux, à l’exception de Fable. Dans leur coin, Rose et ses coéquipiers continuent de parcourir le territoire d’arène en arène. Suite à cela, le groupe partira dans une dernière quête avant de se séparer.
Tout cela laisse le reste des aventuriers pantois, eux qui s’attendaient à avoir le soutien militaire de Fable dans le combat les opposant à Brontide et ses troupes. Surtout que, lorsque le monde entier entend parler de la quête que le groupe souhaite réaliser, personne n’y croit. Rose et ses camarades veulent partir combattre Simurg, le monstre le plus puissant du monde, considéré comme une simple rumeur, une légende parmi les aventuriers.
Et, pour réaliser cette quête ardue, le groupe a engagé une nouvelle barde pour compléter son équipe. Cette dernière se nomme Tam Hashford et est la narratrice de ce roman. Fille de Tuck et Lily, cette dernière rêve de parcourir le monde comme ses parents aventuriers l’ont fait avant eux. Du haut de ses 17 ans, la jeune fille intègre donc le groupe pour imiter sa mère, grand nom de l’univers de Wyld.
Fable pour dépasser Saga ?
Pour cette suite, l’auteur a décidé de couper son intrigue est trois parties. La première retrace les débuts de la barde au sein du groupe ainsi que le tour des arènes effectué par Fable. Cette première partie sert surtout à montrer que l’univers est devenu plus sombre. La second partie, quant à elle, sert surtout à présenter les personnages plus en profondeur, tout en nous narrant la quête de la chasse de Simurg. Un vrai régal puisque les personnages, d’abord perçus moins intéressants que ceux de Saga, se montrent finalement très attachants. Et la chasse de Simurg développe l’intérêt du lecteur tant cette dernière est plaisante.
Enfin, la troisième partie, revient sur la défense de Contha, dernier bastion tenant face à la Horde. Fable va arriver sur le champ de bataille et soutenir l’effort pour repousser l’invasion. S’en suit un combat monstrueux, aux proportions démesurées, qui saura plaire à tous les fans de la Fantasy. L’aspect épique de l’œuvre ressort autant que cela avait été le cas dans le premier tome, avec une surenchère de l’héroïsme comme on en voit rarement. Cette troisième partie du roman se dévore sans halte et ceux ayant été laissés perplexes par les deux premiers tiers seront rapidement réconciliés avec le livre une fois à ce point culminant.
Mais cela ne peut être possible qu’avec un univers bien développé et fonctionnel. Ici, c’est le cas puisque cette suite garde les bases de son prologue avec un bestiaire librement inspiré de celui de Donjons & Dragons ainsi que de nombreux appels au premier tome, notamment grâce à des personnages déjà connus comme Jain et les Silk Arrows ou les membres de Vanguard. Ce deuxième tome se présente donc comme une suite logique du précédent, ce qui renforce bien entendu sa qualité.
D’ailleurs, les personnages sont, tout comme pour le premier tome, une force importante du livre. En effet, les membres de Fable sont tous attachants et l’auteur s’évertue à leur donner une véritable personnalité, et de développer un lien fort pour les unir. C’est, en partie, cela qui tient le lecteur en haleine tout au long de l’intrigue. On retrouve, au passage, un point commun avec Saga, puisque la relation qui lie les membres du groupe de Rose est une loyauté sans faille, que Tam narre très bien, avec son point de vue extérieur de petite nouvelle de la troupe.
Dans leur complexité, les personnages sont donc plus sombres que leurs aïeux, avec un background très bien construit, et pensé en profondeur. L’auteur s’est évertué à développer un groupe qui pourrait presque supplanté Saga en terme d’intérêt. Mais, bien entendu, ce point n’est qu’un avis personnel.
Une petite couche de thématiques bien senties
Si la force de l’univers de Wyld n’est plus à démontrer, il faut aussi souligner la prouesse de Nicholas Eames, qui nous propose une écriture tout à fait excise. Une plume où l’épique flirte avec l’humour, dans un style fluide et dynamique. Sans parler des thématiques qui sont toujours aussi prenantes que dans le premier tome, tout en allant un peu plus loin.
Rose de Sang nous plonge dans une intrigue où des thématiques sociétales importantes sont développées, comme le racisme et le vivre-ensemble, la question de l’identité ou encore le deuil (notamment via Tam). Mais d’autres thèmes encore plus importants viennent pour refléter notre propre société, comme la question de l’homosexualité ou des addictions. Bref, c’est un nouveau cocktail diablement osé qui vient rythmer une intrigue déjà bien complète sans que tout ceci ne vienne encore complexifier l’affaire. Et bon dieu que le tout fonctionne bien, que c’est agréable à parcourir, à découvrir.
En outre, les objectifs des antagonistes sont tout aussi intéressants et originaux. On ne se retrouve pas devant de simples monstres qui attaquent l’être humain pour se nourrir ou par instinct. Non, on se retrouve devant des êtres réduits à l’esclavage qui veulent simplement survivre. Ils attaquent afin d’échapper à une vie d’esclave (c’est là que le racisme entre aussi en jeu). Les arènes font peur aux monstres et ces derniers doivent revendiquer leur tranquillité, cela passant par la guerre. Une motivation quelque peu unique pour le genre, où le monstre n’est souvent vu que comme un ennemi sans réelle profondeur.
Faut-il craquer pour Wyld : Rose de Sang ?
Wyld : Rose de Sang se présente comme une excellente suite à Wyld : La Mort ou la gloire. Nicholas Eames sait proposer un second volume toujours dans l’ambiance du premier. Humour, phases épiques et clins d’œil à l’univers du metal et du hard rock sont toujours de la partie. La combinaison parfaite qui fait l’originalité de son univers fait donc son grand retour pour le plaisir des fans du premier opus, qui était une réussite incroyable.
Cette suite se présente donc avec pas mal de similitudes avec le précédent tome, tout en restant suffisamment éloigné de celui-ci que pour justifier son existence. L’intrigue est plus sombre et les personnages sont plus soignés, présentés plus en profondeur, pour donner encore plus de force et de poids aux événements qu’ils vivent. Sans parler de la bataille finale, qui supplante avec brio celle de son aïeul.
Saluons également le travail de Bragelonne, qui nous fournit une édition française de qualité. La traduction est bonne, permettant ainsi à tous de découvrir cette splendide suite.
Acheter Wyld : Rose de Sang sur AmazonAinsi, nous pouvons conclure en disant que Wyld : Rose de Sang est une excellente suite. Et, au-delà d’être une excellente suite, il s’agit aussi d’un roman de fantasy d’exception. Cette série est originale et sublimement écrite. Si le premier tome vous a plu, cette suite en fera autant. Si vous n’avez jamais lu le premier tome, je ne sais pas ce que vous attendez pour vous lancer !
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