Yakuza Kiwami – Notre avis sur la version Nintendo Switch tout juste disponible
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Rédigé par Nathan Champion
Après avoir lentement conquis le public PlayStation, et s’être affilié à Xbox depuis 2019 seulement, voilà que SEGA et son Ryu Ga Gotoku Studio prennent d’assaut la petite Nintendo Switch pour la première fois dans l’histoire de la saga Like a Dragon. N’espérez pas voir débarquer les derniers opus de la franchise sur cette machine hybride aux capacités techniques plus proches d’une Wii U que d’une PlayStation 4, mais cette première percée a tout de même de quoi promettre un avenir à la série sur ce support pas comme les autres. Enfin, ne mettons pas la charrue avant les bœufs, aujourd’hui penchons nous plutôt sur Yakuza Kiwami qui vient tout juste de débarquer sur l’eShop, dans une version qui, contre toute attente, n’a pas à rougir face à ses aînées.
Petit point contexte avant de rentrer dans le vif du sujet. Yakuza Kiwami est le remake du tout premier volet de la franchise, initialement paru sur PlayStation 2 en 2005 partout dans le monde. Un jeu qui ne se contente pas d’être une simple note d’intention, puisqu’il pose les bases de ce que sera la série jusqu’à son sixième numéro, et même au-delà. Ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit d’une œuvre facile d’accès, loin s’en faut puisque, pour commencer, Kiwami n’est pas traduit depuis l’anglais, même dans cette version Switch. Cela étant, il n’y a pas meilleure porte d’entrée dans la franchise de SEGA, cela va sans dire. Alors, si vous n’êtes pas anglophobes, et que des montagnes de textes ne vous font pas peur, nous voilà partis dans une histoire riche en rebondissements.
Note : Nous avons passé près de neuf heures sur cette version Nintendo Switch, ce qui fut suffisant pour voir nombre de combats et quelques scènes marquantes, mais aussi pour visiter le quartier de Kamurocho de jour comme de nuit.
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Comme tous les épisodes de la série de Ryu Ga Gotoku jusqu’à Yakuza 6 : The Song of Life, Kiwami nous place dans la peau de Kazuma Kiryu, surnommé le Dragon de Dojima. Un lieutenant Yakuza respecté, du moins au moment où débute l’aventure, qui va rapidement se retrouver lié à une affaire de meurtre, celui du patriarche du clan Tojo. Au terme d’une introduction qui prend son temps, nous présentant plusieurs personnages clés, Kiryu est donc incarcéré pour une période de dix ans, qui constituera une ellipse avant son retour à la vie civile. Un retour qui ne se fait pas sans heurt, puisqu’à la sortie personne ne l’attend, et son clan ainsi que ses anciens associés, pour qui il vient de sacrifier plusieurs années de sa vie, le traitent comme le dernier des parias. En parallèle, plusieurs intrigues dont on se gardera bien de parler ici s’enclenchent et parfois s’entrelacent.
Décidé à comprendre le fin mot de cette histoire qui mêle meurtre, vol et jeu de pouvoir, ainsi qu’à confronter les nouveaux dirigeants du clan Tojo, Kiryu va se lancer dans une aventure pleine de combats. Grande force de la franchise, là encore jusqu’à Yakuza 6, et plus récemment le spin-off The Man Who Erased His Name, le système de combat de ce premier volet (ou plutôt son remake) est d’une solidité à toute épreuve. Car Yakuza Kiwami est un Beat’em All nerveux et jubilatoire, permettant l’utilisation de quatre styles de combat distincts, chacun ayant ses spécificités, forces et faiblesses. Le titre lorgne aussi du côté du RPG, avec une quantité ahurissante de capacités à apprendre et d’améliorations à acquérir, afin de faire du Dragon de Dojima une véritable arme de destruction massive. Ce qui ne sera pas de trop, étant donné le nombre d’adversaires qui l’attendent, et une difficulté qui connaît quelques sursauts.
Mais les jeux de la franchise sont principalement connus pour deux autres raisons : leur reproduction fidèle de la vie d’un petit quartier tokyoïte, et leurs qualités scénaristiques. Le premier point parle de lui-même. On se retrouve aux commandes d’un Kiryu qui déambule toute l’aventure durant dans Kamurocho, le quartier évoqué précédemment, un espace qui regorge d’une vie crédible, de magasins visitables et d’activités annexes. Comme tous les opus de la franchise, Yakuza Kiwami offre quantité de mini-games, parmi lesquels plusieurs jeux d’arcade fidèlement émulés, mais aussi du base-ball ou encore du Poker. Grosse nouveauté du remake, l’apparition d’un club de petites voitures, le Pocket Circuit, qui permet des courses et s’enrobe d’un petit aspect scénaristique supplémentaire. Vous l’aurez compris sans peine, le titre est d’une richesse à toute épreuve.
Et riche, Yakuza Kiwami l’est aussi en matière de récit. Comme toujours avec la franchise, les quêtes annexes ne se contentent jamais du minimum syndical, en étant chaque fois scénarisées. Elles nous font rencontrer de nombreux personnages, souvent amusants, parfois mémorables, dont certains que l’on reverra plusieurs fois au cours de l’aventure, voire que l’on retrouvera dans les suites. Mais c’est évidemment la trame principale qui marque le plus, avec une galerie de protagonistes qui ne manquent pas d’identité, bénéficiant d’une modélisation et d’animations faciales très réussies. Le tout est enrobé d’une mise en scène souvent très cinématographique, pleine d’ambition, qui s’essaie à quelques petites choses, parfois juste pour nous arracher un sourire, quand ce n’est pas pour véhiculer de fortes émotions.
Parce que la série n’en manque pas, d’émotions, et ce n’est pas le final de The Man Who Erased His Name, ou encore moins les moments clés de Infinite Wealth, qui contrediront cet état de fait. La série regorge de moments mémorables, de personnages qui reviennent d’un jeu à l’autre et auxquels on s’attache durablement, or tout débute par ce premier volet. Un volet qui n’a jamais été aussi bon que via son remake, améliorant tout ce qui pouvait l’être, jusqu’aux doublages japonais d’excellente facture tout du long de l’aventure. En 2017, année de sortie initiale de cet opus, il n’y a pas grand-chose à lui reprocher, hormis l’absence perpétuelle de traduction en français, qui ne deviendra passage obligatoire qu’avec Like a Dragon en 2020. Mais il va sans dire que, malgré l’âge avancé de Kiwami, son arrivée sur Nintendo Switch a de quoi inquiéter.
La meilleure des versions ?
Heureusement, le travail effectué par le développeur est sérieux, et fait honneur au matériau de base. On ne coupe pas à un petit downgrade visuel, principalement visible lorsque l’on se balade dans Kamurocho, se traduisant par un petit effet de clipping disgracieux, de l’aliasing et une résolution qui, par moments, semble régresser un brin. Néanmoins, rien de rédhibitoire, et si l’on ne connaissait pas aussi bien le Kiwami de 2016 sur PlayStation 4, nous n’y aurions certainement vu que du feu. La Switch crache peut-être ses poumons, mais elle le fait en silence, et les hordes de passants ou les séquences d’action mémorables ne semblent pas la mettre à genoux pour autant. Cela étant, on n’échappe pas à des chutes de framerate, le plus souvent en extérieur, quand de trop nombreux passants ou adversaires sont à afficher, c’était à prévoir. Mais là encore rien de rédhibitoire, à moins d’être un véritable mordu de performance.
D’autant que sur tout le reste, Yakuza Kiwami sur Switch n’a pas à rougir face à la version PS4. Les modélisations et animations faciales sont fidèles à ce qu’elles étaient, les cinématiques en jettent toujours, et les différents détails visuels marquants de l’original reviennent à l’identique ici. Vous aimiez l’aspect des flaques d’eau, et la réverbération gracieuse des lumières de Kamurocho ? Eh bien soyez sans crainte, puisque cette version Switch n’y coupe pas. D’ailleurs, elle ne semble pour ainsi dire faire aucune coupe, aucune concession, pour tourner comme elle tourne, c’est à dire plutôt admirablement pour le support. Tout est là, autant dans ce que propose la trame principale que dans le contenu annexe, et la résolution des cinématiques ou les effets visuels lumineux n’ont subi aucun changement déplorable.
Un véritable tour de force qui sent bon pour la suite, puisque, nous y revenons, cela veut probablement dire que d’autres épisodes de la franchise peuvent trouver leur place dans le catalogue de Nintendo. Croisons les doigts pour Yakuza 0 et Yakuza Kiwami 2 pour commencer ! Quoique, reste un point de détail qui pourra en refroidir certains, hormis l’absence plutôt logique de version physique : le poids de ce Yakuza Kiwami. Plus de 23go seront nécessaires pour installer cette version sur votre console, ce qui signifie qu’il va vous falloir faire de la place. C’est en effet un volume plutôt colossal pour le support, qui profite d’un port mini-SD pour contrecarrer son absence cruelle d’espace de stockage. À côté de cela, le titre est vendu moins de 20 euros, ce qui semble presque donné tant il a à offrir.
En conclusion
On s’attendait à tout sauf à voir tourner Yakuza Kiwami aussi joliment sur Nintendo Switch. Oui, le titre souffre par moments de chutes de framerate, particulièrement visibles lors de gros affrontements en extérieur, ou lorsque de trop nombreux passants sont à l’écran. Mais il faut aussi voir qu’aucune concession n’a été faite depuis la version PS4, ce qui se révèle plutôt impressionnant. Le jeu conserve ainsi ses qualités visuelles, avec quelques effets qui en jettent encore aujourd’hui et même sur ce support hybride, comme les flaques d’eau et les lumières de la ville qui s’y reflètent, ou bien sûr les modélisations faciales.
23Go d’espace disponible et 19,99 euros, c’est tout ce qu’il vous faudra pour bénéficier de cette aventure toujours aussi prenante, jouissive et complète, le tout désormais transportable partout. Une excellente nouvelle qui pourrait parfaitement être suivie par d’autres sorties de la franchise sur Switch, du moins on l’espère, car le support, s’il n’offre pas la meilleure des adaptations, a malgré tout de solides arguments à faire valoir, tout en haut desquels on classera la portabilité évidemment. Chapeau bas pour ce tour de force.
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Date de sortie : 29/08/2017