Parmi les JRPG de niche, Ys est une licence qui attise les passions grâce à un savoir-faire affuté depuis de longues années chez les japonais de Falcom à qui l’on doit également une autre série phare du genre : The Legend of Heroes. Avec Ys IX : Monstrum Nox, la licence a la lourde tâche de confirmer la très belle performance de Ys VIII : Lacrimosa of Dana. Voyons si c’est effectivement le cas.
Conditions de test : Nous avons joué au titre pendant plus 30 heures sur PS5 (via la rétrocompatibilité PS4). Nous avons terminé l’histoire principale et un bon paquet de quêtes annexes.
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Si vous n’êtes pas un habitué de la série, sachez que chaque jeu Ys nous embarque dans une toute nouvelle histoire qui se détache du reste. On garde le même protagoniste, Adol Christin, dont on suit les aventures à différentes périodes de sa vie. Nous avons donc à chaque fois de nouveaux lieux, personnages et ambiances, ce qui permet à n’importe qui de se lancer sans être totalement perdu. Toutefois, Falcom pense aussi aux habitués en y incorporant de petites références au passé, ce qui est le cas ici.
Il faut dire que notre aventurier de métier à de la bouteille dans Monstrum Nox puisqu’il est âgé de 24 ans (21 ans dans Ys 8, et 23 ans Ys 6 & 7 à titre de comparaison). Toujours accompagné de son meilleur ami et fidèle compagnon Dogi, il esquive ici le récurent naufrage pour un sort tout aussi funeste puisqu’il est directement arrêté et jeté en prison en raison de ses prouesses passées. Le milieu carcéral est d’ailleurs au cœur du jeu puisque la ville de Bladuq est littéralement une ville prison où des phénomènes étranges se produisent.
Peu après son arrestation, Adol se retrouve transformé en Monstrum par une mystérieuse jeune femme. Il devient ainsi un être surnaturel et est forcé de combattre périodiquement des monstres lors de nuits éclairées par une lune rouge accompagnés d’autres Monstrum inconnus. Pourchassé par les autorités en tant que fugitif et en tant que Monstrum, notre héros va tenter de mettre au clair les événements étranges se déroulant dans la prison sans oublier le mystère qui entoure ces fameuses nuits.
Adol en France ?
Ys VIII a marqué les esprits en prouvant qu’il pouvait offrir bien plus qu’un RPG sympathique pour consoles portables, on retrouve donc une recette similaire à celui-ci mais en un peu plus enrichie. Tout d’abord, on peut dire que le changement d’atmosphère renouvelle la formule avec une ville animée et un contexte un peu plus sombre. Chose amusante, d’après les nombreuses références du jeu, on constate que la bourgade est très inspirée de la France. Ne serait-ce que pour sa bouillabaisse ou l’évocation d’une guerre de cent ans.
Profitons de ce moment chauvin pour rappeler que le titre propose des textes en français qui bénéficient en plus d’une traduction soignée. Les joueurs de Ys VIII se trouveront donc en terrain connu même si le décor change radicalement. Ici, une taverne aménagée fait office de HUB pour que l’on profite de nombreux services qui s’accumulent au fur et à mesure que l’on vient en aide à des personnes qualifiées lors des nombreuses quêtes.
On dispose également de leurs talents pour gagner une foule bonus lors des nuits où l’on affronte de nombreuses vagues d’ennemis pour défendre un pilier. La taverne est aussi l’occasion de profiter des moments de convivialité afin d’en apprendre plus sur les personnages qui sont très attachants. Malgré tout, là ou Ys IX : Monstrum Nox change la donne, c’est au niveau de l’exploration mais pas toujours pour le meilleur.
Une fausse liberté de mouvement : la prison cachée
Cette fois-ci, les compagnons d’arme d’Adol sont les autres Monstrum avec lesquels il fait connaissance au cours des différents chapitres puisqu’il ne connait pas leur apparence humaine. En plus d’un style de combat propre, chacun d’eux dispose d’un « don » qui rend l’exploration bien plus agréable qu’auparavant. Alba Felis peut par exemple courir sur les murs façon « Mario chat » et Falco peut planer avec ses grandes ailes bleues.
Cela permet donc une approche un peu plus verticale que ce soit dans les extérieurs ou encore les donjons. En particulier dans la ville qui regorge de points d’intérêt en tous genres. Malheureusement, cela n’a pas que du bon puisque l’on est cantonné à une progression linéaire dont on constate sans cesse les limites, notamment avec des barrières qui nous empêchent d’explorer librement. Des limitations liées à la progression du scénario qui cassent un peu ce sentiment de liberté. La durée de vie reste cependant correcte avec minimum une trentaine d’heures pour boucler l’histoire principale.
Comme d’habitude avec Falcom, la qualité de la narration se fait au prix d’un dirigisme qui ne plaira pas à tout le monde. On est donc devant une intrigue bien plus intéressante que dans Ys VIII avec énormément de personnages hauts en couleur, mais avec une exploration qui n’est pas forcément meilleure, même avec des déplacements plus pratiques. L’aspect austère des décors n’arrange rien et on constate un cruel manque d’inspiration dans la direction artistique, en particulier dans les donjons. On a été habitué à bien mieux.
Un choix qui garde quand même les acquis
Cette prise de risque a tout de même le mérite de renouveler la formule. Elle gagne ainsi de nouvelles qualités pour en perdre d’autres, en revanche ce Ys garde toute sa saveur grâce des points forts presque gravés dans l’ADN de la franchise. A savoir, un gameplay ultra dynamique et une bande-son dantesque. La Falcom Sound Team s’est encore surpassée avec de nombreux thèmes qui donnent envie de taper partout au rythme des riffs de guitare.
Le gameplay n’a trop bougé et fait encore mouche avec son système de compétences à la « Tales of » que l’on assigne sur les quatre touches de la manette auquel on ajoute celui des gardes/esquives qui ralentissent le temps pendant de courts instants, ce qui nous laisse enchainer des combos dévastateurs. Cela manque peut-être de subtilité, mais le côté bourrin est ce que l’on apprécie d’autant que le titre regorge de boss à terrasser.
Certains pouvoirs de Monstrum apportent tout de même un petit plus dans les affrontements comme Adol qui peut s’élancer en un éclair sur les ennemis avec sa main gauche de « Roi Rouge ». On conserve en outre cet attrait de changer de personnage à tout moment. Petite critique malgré tout concernant l’utilisation des consommables durant les combats qui est encore très rudimentaire.
Vous l’aurez déjà compris depuis longtemps, Ys IX accuse toujours un retard technique par rapport aux standards actuels du fait de son statut de niche. Cela se voit particulièrement ici avec un terrain de jeu plus vaste qui laisse entrevoir tous les petits défauts techniques comme de l’aliasing ou une distance d’affichage assez faiblarde. Toutefois, même s’il sort chez nous à l’aube de la génération PS5, il serait dommage de le bouder pour ça.
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